Les 10 intuitions à propos de la formation, finalement confirmées par les neurosciences

1. Communiquer “multimodal”

Pourquoi s’adresser à nos différents sens ? Plus les sens stimulés sont nombreux, plus l’attention est augmentée et la compréhension facilitée. On parle de ‘synergie sensorielle’ : en stimulant plusieurs sens, on renforce chacun d’eux.

Astuce

Le multimodal existe depuis longtemps mais il est clairement facilité par les nouvelles technologies. Enrichissez votre formation en présentiel grâce à une vidéo YouTube, une infographie avec Visme, un support de présentation avec Prezi, un jeu Thiagi ou un mindmap.

2. Less is more

Mieux vaut en donner moins que trop. Pour laisser une trace dans la mémoire, mieux vaut éviter au cerveau d’en avoir trop à apprendre d’un coup et limiter le nombre de nouvelles idées à mémoriser : 4 maximum en même temps.

Astuce

Diffusez la théorie à l’avance via des courtes capsules vidéos. Le micro-learning, vous vous souvenez ? Il faisait l’objet d’un atelier du Cefora Learning Lab l’année passée.

Consultez les astuces et le compte rendu ici. 

3. Se mettre en scène et raconter des histoires

Raconter des histoires permet de faire appel à l’émotion. Celle-ci facilite l’apprentissage, l’attention et la mémorisation. Pourquoi ? Une émotion est un signal qui indique au cerveau que ce qui se passe en ce moment est important : l’attention du cerveau est alors décuplée. Un événement associé à une émotion est toujours mieux « imprimé » qu’un événement sans émotion. Nous nous souvenons tous de ce que nous faisions et où nous étions le 11 septembre 2001 …

Astuce

Mettez votre formation en histoire ! Votre apprenant peut devenir le héros d’un parcours de formation pour atteindre sa quête : acquérir les compétences nécessaires pour effectuer ses tâches professionnelles

Envie d’en savoir plus ? Lisez l’article de Sydologie Utiliser le storytelling en formation.

4. Proposer jeux, quiz, ruptures, surprises

Dans le même ordre d’idée, il s’agit également ici de faire appel à l’émotion (le plaisir, l’étonnement, la curiosité, …) afin d’augmenter l’attention, la mémorisation et la motivation.

  • Un jeu : jouer = apprendre.
  • Un quizz : dès qu’on lui pose une question, le cerveau est programmé pour trouver une réponse.
  • Une rupture/une surprise = dès que quelque chose bouge, le cerveau est en alerte et l’attention revient.
Astuce

En juin, nous vous proposions une série d’outils pour dynamiser vos formations. Powtoon, Plickers, les jeux Thiagi … C’est le moment de s’amuser en apprenant !

5. Multiplier les pauses

Une pause, une vidéo plus légère, une anecdote sont une respiration pour le cerveau. Au bout de 20 min, l’apprenant décroche.

Astuce

Intégrez un moment de respiration toutes les 30 min. Cela permettra au cerveau de récupérer avant de fournir un autre effort.

6. Créer l’alliance

La qualité de la relation avec l’apprenant est la détermination majeure de l’apprentissage, peut-être même plus que l’expertise du formateur. Pourquoi la relation est importante ? Car les émotions négatives (stress, peur, angoisse) empêchent et perturbent l’apprentissage.

Astuce

Un climat de confiance sera la clé d’un apprentissage efficace. Installez des règles du jeu claires, banalisez l’erreur, faites des feedbacks positifs. Bref, continuez et accentuez ce que vous faites déjà !

7. Jouer sur la dimension sociale

Contrairement aux affirmations de Maslow[1], il a été découvert que le lien social est plus important que les besoins élémentaires. Des expériences ont montré que les carences relationnelles et affectives détruisent plus l’humain que les carences alimentaires. La dimension sociale de l’apprentissage aura tendance à décupler la motivation et l’efficacité. Les résultats positifs du social learning ou du peer-to-peer learning le démontrent aujourd’hui.

Astuce

Développez le social learning ou le peer-to-peer learning, en classe ou à distance après le présentiel. C’était d’ailleurs l’une des thèmes de notre précédent Cefora Learning Labs.

8. Valoriser l’effort autant que le résultat

Un cerveau qui ne commet aucune erreur n’est pas en train d’apprendre. Pour apprendre, il est nécessaire de sortir de sa zone de confort, prendre des risques et s’exposer. Valoriser l’effort et l’échec libère l’apprentissage.

Par ailleurs, mettre l’apprenant en situation de solutionner une énigme ou un problème ou de relever un défi permet de générer la dopamine, neurotransmetteur (hormone) qui alimente la motivation. Le plaisir du « Eurêka » !

Astuce

Votre apprenant se trompe ? Félicitez-le, cela prouve qu’il est en train d’apprendre ! Imaginez son ressenti s’il sortait d’une formation en se disant : « super, je connaissais déjà toutes les réponses ! ». Aura-t-il l’impression d’avoir appris quelque chose ? Profitez-en donc pour créer aussi des défis suffisamment « challengeants » (mais pas trop !). Les outils interactifs de quizz sont parfaits pour cela (Kahoot, Socrative, SurveyMonkey, …)

9. Donner le choix

Trois ingrédients déterminent la motivation : autonomie, compétence et appartenance sociale. Concrètement, cela signifie qu’un individu qui peut développer ou renforcer ses compétences en toute autonomie au sein d’un groupe social donné sera mûr pour un apprentissage plus efficace. Donner du choix au sein d’un cadre favorise l’apprentissage.

Astuce

En début de journée, donnez un peu de liberté à vos apprenants sur le programme à voir dans la journée. Par exemple[2] : exposez les différentes séquences et leurs objectifs, puis demandez-leur quelle partie ils sont prêts à laisser tomber si la journée ne permet pas de tout couvrir. Leur donner ce choix renforce leur adhésion au parcours qu’ils s’approprient. De plus, le groupe se donnera probablement inconsciemment le défi de travailler suffisamment efficacement pour pouvoir finalement voir le point « sacrifié ».

10. Apprendre à apprendre

Les découvertes faites sur le cerveau donnent quelques astuces utiles pour apprendre à apprendre en toute autonomie :

  • Relier le nouveau à l’acquis: à chaque fois qu’on relie une information nouvelle à une information acquise, on l’ancre dans la mémoire ;
  • Favoriser la pratique délibérée plutôt que la répétition simple: tests répétitifs systématiques, partir d’une page blanche et tenter de retrouver l’information, utiliser des carte « flash », des jeux de rôles. Plus l’effort est grand, plus la consolidation de l’information dans la mémoire est forte.
  • Une trace neuronale est très fragile : il faut la consolider pour ne pas la perdre. Pour qu’une information soit mémorisée de façon optimale, il faut la réviser : dans les 2-3 jours suivants, 1 semaine après, 1 mois après, 6 mois après. L’espacement croissant permet de générer cette trace durable et consolider l’apprentissage.

Astuce

Distillez ces précieux conseils à vos apprenants afin qu’ils prennent en main la mémorisation de leurs apprentissages. En stimulant les sens et les émotions positives et en respectant une certaine « hygiène » du cerveau, on favorise la capacité d’attention, de concentration, de mémorisation et de motivation d’un apprenant en formation. Cela donne des perspectives intéressantes sur le développement de prochains contenus de formation, tant en présentiel qu’en digital !

Informez-vous davantage

Cet article est basé sur la présentation de Nadia Medjad, médecin et coach : On sait enfin comment notre cerveau apprend !, présenté lors du Digital Learning Day à Paris les 22 et 23 juin ’17. Un événement organisé par l’International Learning & Development Institute. L’objectif : explorer les enjeux et défis face à la digitalisation de la formation.

[1] Abraham Maslow a proposé la pyramide des besoins, une théorie de la motivation élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940. Lisez l’article Wikipédia pour plus d’infos, spécifiquement les critiques sur la théorie.

 

Cet exemple est tiré de l’ouvrage « NeuroLearning, Les neurosciences au service de la formation », par Nadia Medjad, Philippe Gil et Philippe Lacroix, éditions Eyrolles.

Articles associés

En savoir plus ?