Travailler en temps de pandémie corona : une expérience, mais quelles leçons en tirer ?

« Une expérience pour notre vie professionnelle », c'est en ces termes que la professeure Ans De Vos, de l'Antwerp Management School, décrit le travail pendant la pandémie corona. Mais quelles leçons pouvons-nous tirer de ce grand test pour la suite de nos carrières ? Les affaires et le monde du travail reviendront-ils bientôt à la normale ?

Ans De Vos (AMS) : « Toutes les certitudes et les routines établies ont été remises en question lors de la crise sanitaire. La période écoulée peut donc être considérée comme une expérience pour notre vie professionnelle. Nous avons commencé à réfléchir à la place du travail dans nos vies et à l'orientation que nous souhaitons donner à nos carrières.

Revenir à la situation de travail d'avant la pandémie ? Ce n'est plus possible. Les chiffres de notre enquête le confirment : la moitié des travailleurs disent réfléchir davantage à leur carrière aujourd'hui qu'avant la pandémie. »


Au cours de ces deux dernières années, l'Antwerp Management School (AMS) et l'UGent ont mené plusieurs enquêtes à grande échelle auprès des employeurs et des travailleurs. Ces enquêtes ont permis de recueillir une multitude d'informations concernant l'impact de la pandémie sur notre bien-être mental, notre façon de collaborer et nos compétences.

Les résultats ont été soigneusement compilés dans un livre blanc (uniquement en néerlandais) que vous pouvez télécharger gratuitement ici.


Leçon 1 : il y a beaucoup à apprendre en dehors de notre zone de confort

Ans De Vos : « Les circonstances nous ont obligés à travailler différemment. Le passage massif au télétravail constitue bien sûr l'exemple le plus frappant, mais il n’est certainement pas le seul. Sur les lieux de travail mêmes, beaucoup de choses ont changé. Par exemple, 1 employeur sur 5 a indiqué que les collaborateurs se sont vu confier de nouvelles tâches ou de nouveaux rôles, ou ont été affectés à d'autres départements ou services. »

 


« 89 % des employeurs ont vu leurs travailleurs évoluer pendant la crise sanitaire. »


« Loin de la routine quotidienne habituelle, nous avons acquis beaucoup de nouvelles compétences sur le tas. Une réunion de travail numérique, par exemple, nécessite une approche différente de celle adoptée avec votre équipe en salle de conférence. Pour aider un service que vous ne connaissiez pas, vous avez dû vous familiariser avec ses processus opérationnels et ses logiciels.

J'utilise moi-même désormais des méthodes différentes dans le cadre de mes formations numériques que lorsque j'étais formatrice à plein temps dans un local. Les chiffres ne mentent pas : 89 % des employeurs ont vu leurs travailleurs évoluer pendant la crise sanitaire et près de deux travailleurs sur trois ont acquis de nouvelles compétences. »

 

Ans De Vos (Antwerp Management School)

Leçon 2 : travailler, c’est plus qu’accomplir ses propres tâches

Petit à petit, nous avons également compris ce que nous apprécions ou ce qui nous manque dans notre travail, où nous puisons notre énergie ou notre créativité, quand nous sommes productifs et quand nous ne le sommes pas. Tel télétravailleur a pleinement exploité l’autonomie et le temps gagné au profit de sa famille et de ses loisirs, tel autre dépérissait quasi par manque de contacts sociaux au bureau.

 


« Votre carrière est durable si vous êtes productif, en bonne santé et heureux. »


Ans De Vos : « Tous ces éléments constituent le point de départ idéal pour renégocier le contrat psychologique avec votre employeur : comment voulez-vous désormais travailler pour en tirer le meilleur parti, sur les plans professionnel et privé ? Votre carrière est durable si vous êtes productif, en bonne santé et heureux. Il va sans dire que vous devez contribuer, par votre travail, à répondre aux besoins de votre organisation. Il s'agit maintenant de trouver un terrain d'entente avec votre employeur. Et en tant que travailleur, vous pouvez prendre vous-même l'initiative de cette démarche. »

Leçon 3 : notre emploi et notre carrière nous appartiennent

La pandémie nous a fait comprendre que tout peut changer soudainement, du jour au lendemain. Cependant, le choc que nous avons ressenti au niveau de notre carrière du fait de la crise sanitaire n'est pas nécessairement négatif, souligne Ans De Vos : « Au contraire. De nombreuses personnes ont le sentiment d’avoir davantage le contrôle sur leur emploi et leur carrière aujourd'hui qu'il y a deux ans. La majorité des travailleurs interrogés ne voient que peu de conséquences négatives pour leur carrière. »

 


« Les gens étaient plus optimistes quant à leur carrière après une année de pandémie qu'au début de celle-ci. »


« Neuf personnes interrogées sur dix pensent avoir les bonnes compétences pour rester dans leur emploi après la crise. Les gens étaient plus optimistes quant à leur carrière après une année de pandémie qu'au début, en particulier ceux qui ont assumé de nouvelles tâches pendant la crise. Et à juste titre, car en plus des compétences numériques et professionnelles, ils ont également acquis des compétences génériques telles que la gestion du changement. Et ce n’est là qu’une des compétences de l'avenir. »

 

« En plus des compétences numériques et professionnelles, les gens ont également acquis des compétences génériques telles que la gestion du changement. »

Leçon 4 : nous pouvons tirer profit de ces nouvelles compétences

Plus nos compétences sont variées, plus notre employabilité est grande. Chez notre employeur actuel et sur le marché du travail en général. Ans De Vos : « De plus, nos compétences ouvrent de nouvelles possibilités de formation. Vous pouvez suivre une formation pour maîtriser encore mieux une compétence spécifique ou pour acquérir une expertise plus approfondie dans un domaine complètement différent.

 


« Une formation est le meilleur cadeau pour récompenser votre implication de ces derniers mois. »


« J’encourage donc vivement les travailleurs à aborder le sujet de la formation avec leurs supérieurs. Une formation est le meilleur cadeau que vous puissiez recevoir pour vos efforts soutenus de ces derniers mois. »

Leçon 5 : les carrières ne doivent pas nécessairement être verticales

On dit depuis 25 ans que faire carrière ne se résume pas à gravir les échelons. Pourtant, les carrières sont encore très stables et prévisibles à l’heure actuelle. Ans De Vos : « Nous restons souvent encore dans le même domaine professionnel tout au long de notre carrière, à différents niveaux de l'organisation. Mais ce choc va peut-être provoquer une petite avancée dans notre mobilité professionnelle. »

Allons-nous à présent être nombreux à chercher un autre employeur ? « Il n'y a pas encore de signes allant dans ce sens. Environ un quart des collaborateurs sont en recherche latente d'un autre emploi, moins d'un sur dix est en recherche active, et ces chiffres sont stables. Un quart des employeurs ont toutefois indiqué dans notre dernière enquête que la crise sanitaire aura un impact sur les carrières au sein de leur organisation.

« Par conséquent, si vous vous réjouissez d'accomplir une série de tâches différentes ou si vous souhaitez endosser un nouveau rôle au sein de votre organisation, c'est le moment d'en parler à votre employeur », dit Ans De Vos en conclusion. « En outre, si vous avez embrassé le changement ces deux dernières années, vous serez nettement plus à l’aise à présent face à de nouvelles évolutions. »


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